APPEL POUR UNE SOCIETE FONDEE SUR LE RESPECT ET LA RESPONSABILITE
« Quelle société voulons-nous ? »
Monsieur Nicolas SARKOZY, Président de la République,
Monsieur Bernard ACCOYER, Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur Jean-Pierre BEL, Président du Sénat.
Depuis plusieurs semaines des milliers de chrétiens manifestent leur indignation à propos des spectacles de Roméo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu » et de Rodrigo Garcia « Golgota Picnic ».
Les faits
Début septembre, suite à une 1ère information en juillet, l’institut Civitas lance sa campagne contre la christanophobie qui prend d’abords la forme d’une pétition « Défendons le Christ » puis, début octobre, d’un appel à une manifestation nationale.
Après avoir été joué à Avignon, le spectacle de Castellucci est donné à Paris le 20 octobre et est perturbée par des militants de l’organisation nationaliste "Renouveau français" qui investissent la salle, déploient une banderole pendant que d'autres jettent des oeufs et de l'huile de vidange sur les spectateurs présents. "Le Monde", dénonce alors ces "fondamentalistes chrétiens prônant la fatwa culturelle" message aussitôt repris par d’autres médias. Par la suite, chaque représentation de ce spectacle rassemble plusieurs centaines de personnes qui protestent et prient et de nombreuses interpellations ont lieu. La manifestation nationale annoncée se déroule à Paris le 29 octobre et rassemble plusieurs milliers de personnes.
A partir du 15 novembre, la pièce « Golgota Picnic » est donnée à Toulouse et des manifestants sont présents à chaque représentation devant le théâtre. Donnée ensuite à Paris, elle a de la même façon suscité protestations et manifestations.
Constats
L’appréciation sur la pièce de « Castellucci » n’a pas été unanime, y compris parmi les chrétiens, concernant son caractère blasphématoire. Il est vrai que la pièce a évolué entre Avignon et Paris : la scène où 12 jeunes enfants lancent des grenades sur l’image du visage du Christ a été retirée à Paris puis réintroduite lors des représentations à Rennes, entretenant la confusion et l’ambiguïté.
Concernant la pièce « Golgota Picnic », l’avis est unanime car la mise en scène traite le Christ en Croix de « fou », « chien de pyromane », « messie du sida », « putain de diable », en fait l’égal d’un terroriste et enfin singe la multiplication des pains qui, pour les chrétiens, est l’annonce de l’ Eucharistie.
Malgré le traitement médiatique à géométrie variable selon qu’il s’agisse d’islamophobie, d’anti-sémitisme ou de christianophobie, la mobilisation publique, que l’on approuve ou pas la méthode, a provoqué médiatisation et réflexion, pas simplement chez les chrétiens.
Notons enfin le soutien de ces spectacles par les autorités publiques, tant d’un point de vue « moral » qu’en matière de subventions.
Notre appel
Les chrétiens ne sont pas par nature des ennemis de la liberté d’expression, y compris des artistes : il suffit pour cela de jeter un regard sur l’immensité de notre patrimoine culturel, profane comme religieux.
La liberté d’expression n’est pas au dessus du respect dû aux croyants comme aux non croyants. En matière artistique et culturelle, les créateurs, surtout s’ils abordent des « sujets » délicats, doivent faire preuve de délicatesse et ne pas être les vecteurs de la discorde, de la provocation ou de l’intolérance.
Les pouvoirs publics, à quelque niveau que ce soit, ont pour mission de veiller à la Paix et à la Justice en attachant une attention particulière, dans notre société profondément sécularisée, à la liberté religieuse. S’il y a bien une chose que les pouvoirs publics se doivent de protéger, c’est bien le respect dû à la liberté religieuse, quelle que soit la religion.Il importe donc que les autorités publiques veillent à ce que l’irrespect, l’insulte ou la discrimination n’aient pas leur place et que par conséquent ils montrent l’exemple.
C’est pourquoi nous demandons instamment :
1. Le respect pour tous les croyants, quelle que soit leur religion, lors de toute manifestation culturelle par les auteurs et/ou producteurs et/ou sponsors car la liberté d’expression ne vaut que dans le respect.
2. Pour les croyants, le droit de s’exprimer en toute liberté dans le champ public, dans le respect des autres croyants et des non croyants et bien sûr dans le respect de l’ordre public.
3. De conditionner le financement et/ou le soutien logistique par les autorités publiques au respect dû à tout croyant qui est aussi citoyen.
Les signataires